Alors même que l’on n’est pas natif de Beaumont, que l’on n’y habite que depuis peu de temps, on a forcément entendu parler de l’abbé Largeau. Les plus anciens Beaumontois s’en souviennent encore.
Louis-Marie Largeau naît le 1er juillet 1868 à Saint-Secondin (Vienne). Il est ordonné prêtre du diocèse de Poitiers en 1893 et devient curé de Beaumont en 1913. Il quittera la commune en 1958 après avoir célébré, le 19 juin, son jubilé de platine (65 ans de sacerdoce) et ses 45 ans de ministère à Beaumont. Il s’éteint à l’âge de 92 ans le 18 mai 1960.
C’est dire qu’il a baptisé, marié et enterré de nombreux habitants de Beaumont, sans oublier les communions. Pierre Bourdy, ancien instituteur de Beaumont, rapporte cette anecdote :
«Dans mon enfance, le culte catholique était très pratiqué. Il y avait un curé dans chaque commune et celui de Beaumont c’était l’abbé Largeau. Celui-ci organisait des processions. L’une d’elles, avec enfants de chœur, curé sous le dais et Saint Sacrement en tête, et devant les paroissiens éberlués, avait été copieusement apostrophé par le boulanger, sorti comme un diable de sa boutique, parce qu’elle avait effrayé, disait-il, son cheval attaché devant celle-ci. »
Mais l’abbé Largeau avait d’autres activités moins spirituelles dans le but de distraire les jeunes et les moins jeunes.
Le curé de Marigny-Brizay organisait des séances de cinéma muet. A Beaumont ces films étaient commentés par l’abbé Largeau.
Il organisait aussi des kermesses au cours desquelles se produisait la chorale qu’il dirigeait. Mais non seulement il la dirigeait mais il écrivait lui-même les chansons. Car l’abbé Largeau était un poète : il écrivait les paroles de ses chansons et il empruntait l’air de chansons connues. En fait tout était prétexte pour écrire en vers. (Voir en annexe Chansons beaumontoises. Souvenir de la kermesse de Puychevrier le 7 juillet 1946. Mais également la chanson historique du Poitou et la description du bombardement de Poitiers).
L’abbé Largeau et ses petits chanteurs au château de Baudiment
Durant la guerre 39/45, le 30 août 1942, une kermesse fut organisée au château de Baudiment au profit des prisonniers de guerre. A cette occasion il écrivit « La chanson de Beaumont » (texte en annexe)
L’abbé Largeau faisait éditer ses écrits. C’est ainsi que l’on trouve à la bibliothèque nationale de France, des recueils tels que :
-Les chansons de la kermesse cantonale de Vouneuil sur Vienne (1936)
-Folklore poitevin (1945)
-Poèmes épiques (1945)
Mais il est un autre domaine où le souvenir de l’abbé Largeau est encore bien présent : la météorologie !
Les météorologues amateurs citent encore la fameuse méthode de l’abbé Largeau pour prédire le temps. Selon lui pour connaître le temps de l’année, il suffit d’observer le temps entre le 22 décembre et le 6 janvier. Il décrit sa méthode dans un livre paru en 1950 et que l’on trouve également à la bibliothèque nationale de France : Les secrets de la météorologie pour tous. Comment on prévoit le temps à brève et longue échéance. Le kaléidoscope de la météorologie. Sur la couverture du livre, édité par les éditions du Donjon à Beaumont, l’abbé Largeau se présente en tant que Directeur des Arcanes de la météorologie. Toutefois, dès 1936, l’abbé Largeau édite un trimestriel appelé « les Arcanes de la météorologie, revue scientifique populaire »
Sa méthode se résume en un quatrain :
« Du solstice à Noël, c’est l’indice général continuel.
Après Noël, c’est l’indice mensuel.
Dans chaque jour de la série,
Jusqu’à l’Epiphanie. »
Pour être plus précis :
Du 22 au 25 décembre : le temps qu’il fera correspondra à la tendance de l’année qui suit.
Du 26 au 28 décembre : aspect général de l’hiver.
Du 29 au 31 décembre : aspect général du printemps.
Du 1 au 3 janvier : aspect général de l’été
Du 4 au 6 janvier : aspect général de l’automne
Chaque jour du 26 décembre au 6 janvier représente un condensé du temps qu’il devrait faire durant chacun des mois de l’année (26/12 = janvier ; 6/01= décembre.
Persévérant, l’abbé Largeau sortira tous les trimestres ses prévisions et le résultat de ses études météorologiques dans sa revue de pronostics du temps. Et ce jusqu’à la veille de sa mort en 1960 où il livre ses prévisions du temps pour 10 ans.
Que dire du travail effectué par ce saint homme pendant tant d’années. On peut citer Pierre Bourdy à ce sujet : « l’abbé Largeau avait acquis une certaine renommée pour ses prévisions météorologiques, sauf pour ses paroissiens auxquels il avait coutume de dire : si ce n’est pas arrivé ici, c’est arrivé ailleurs. »
Plus sérieusement, il est fait mention de l’abbé Largeau dans les archives historiques de la météorologie. Il y est rapporté que ce dernier avait saisi l’office national de la météorologie en 1943 pour présenter sa méthode puis pour réclamer une rétribution et une nomination dans l’ordre de la légion d’honneur. Cette histoire y est qualifiée de navrante et le saint homme de demi fou.
Il n’empêche que si l’on fait une recherche sur internet, la méthode de l’abbé Largeau est encore actuellement commentée par des météorologues amateurs.
Recherches effectuées par Ghislaine Bringer.
La chanson de Beaumont
sur l’air de La Madelon
1
Sous le soleil, nombreux sont les coins de terre
De bel aspect et d’agréable renom
Mais en Poitou, parmi ceux bien faits pour plaire
Il en est un : c’est le pays de Beaumont.
Il est là- haut sur la colline
Avec son clocher et sa tour
Qui défie le temps et domine
La plaine à des lieux alentour
Dans ce pays charmant, on voit jeunes et vieux
Toujours la joie au cœur et la malice aux yeux.
Refrain
C’est qu’à Beaumont, ça c’est un fait notoire
On dit qu’un jour Saint Vincent descendit
Pour apprendre aux Beaumontais à boire
Comme on boit au Paradis.
Depuis ce temps, on cultiva la vigne
Le souvenir du roi Henri
Du grand Saint, se montrant toujours digne
À Beaumont, à Beaumont, à Beaumont
2
De tous côtés de pittoresques villages
Font l’agrément imprévu des environs
Et des châteaux, nobles fiefs de hauts lignages
Pour la contrée, sont les plus beaux des fleurons
Beaudiment se montre à l’aurore
Toujours pimpant, toujours fleuri
Tandis qu’à Rouhet persiste encore
Sachez qu’à la Tricherie, quoiqu’en pensent les railleurs
On n’y triche pas plus nj plus souvent qu’ailleurs.
Refrain
Tant qu’à Beaumont, nous dit un vieux grimoire
Dont fut l’auteur un bien joyeux curé
Et ceci est authentique histoire
« Jadis était assuré
Qui demandait un gîte à la Valette
D’y rencontrer d’accortes Margotons
Dont pouvait dénouer l’aiguillette »
A Beaumont, à Beaumont, à Beaumont
3
Vous qui cherchez le repos de la campagne
Et qui savez apprécier les braves gens
Arrêtez-vous dans ce pays de cocagne
Il peut répondre aux vœux les plus exigeants
Chez Valentin ou chez Baptiste
Chez Rabeau ou chez Bernafiot
Vous trouverez à l’improviste
Toujours de quoi humer le piot
Et tout en taquinant le goujon sur le Clain
Vous aurez l’agrément de voir passer les trains.
Refrain
Surtout Beaumont faisant tout pour vous plaire
Vous donnera des concerts à foison
Où brilleront, cherchant à vous distraire
Rossignol, merles et pinsons
Vous y verrez rat, daim, brochet, Queue d’oueille
Fraternisant sous l’aile d’un faucon
Car c’est le vrai pays des merveilles
A Beaumont, à Beaumont, à Beaumont
4
Nous vous offrons aujourd’hui une kermesse
Où vous aurez le plaisir d’une bonne action
Surtout ne vous contentez pas de promesses
Et montrez vous généreux sans restriction
Songez qu’il y va du bien-être
De nos malheureux prisonniers
Vos frères, vos amis peut-être,
En avez-vous tous les premiers
Alors pensez à eux, et de tout votre cœur
Que votre geste soit un gage de bonheur.
Refrain
Pensons aussi, ah pensons à la France
À la Patrie qui nous est chère à tous
Aux clochers , symboles d’espérance
À la terre de chez nous
Pensons à ceux qu’un triste exil enchaîne
À notre joie quand nous les reverrons
Espérons à leur rentrée prochaine
Pour la France et aussi pour Beaumont
Bunjhour a trtouts.
Pour dire que les pronostiques sur le temps qu’il va faire existent puis longtemps, et que le curé Largeau ne faisait que poursuivre ce qui était en usage depuis des siècles. En Poitou, c’est vers 1541 qu’est sorti La VRITABLE PREGNOSTICATION do labouroux Composie tout de nouvea in bea lingage Poetevin. Puis cela a été publié de nombreuse fois de 1572 aux années 1980 dans la Gente Poetevinrie dans un livre écrit en langue poitevine de l’époque par des « mundes » du milieu de la justice de Poitiers…On peur trouver la Gente Poetevinrie à la BNF
A bétout.
Jacques
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Merci de nous faire connaître ce passé de Beaumont si cher à mon cœur et à ma famille.
Envoyé de mon iPad
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