Le télégraphe Chappe est un moyen de communication visuel par sémaphore, sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres, mis au point par Claude Chappe en 1794.
Le télégraphe Chappe dans la Vienne et en particulier à Beaumont.
A la fin du 18ème siècle il fallait 4 jours de cavalier pour transmettre un message de Paris à Strasbourg. Grâce à l’invention de Claude Chappe, il ne faudra plus que 2 heures. C’est le début de la télétransmission.
La technique utilise des petites tours placées sur des points hauts, distants d’environ dix kilomètres. le système était composé d’un long mât, sur lequel était fixé un grand bras muni de deux barres articulées, à chacune de ses extrémités. Les combinaisons de positons entre le bras et ses extrémités forment des symboles. Ils sont associés chacun, à des mots ou des phrases toutes préparées. Par temps favorable, il est alors possible de transmettre, une dépêche de 25 mots sur une distance de 450 kilomètres en 38 minutes. Le télégraphe est actionné par un employé, muni de longues vues, le stationnaire.
Décidée par Louis XVIII le 25 septembre 1822 et mise en service le 8 avril 1823, la ligne Chappe Paris-Bayonne traverse notre département du nord au sud au moyen de 12 postes visibles de l’un à l’autre. Ils sont situés sur les points les plus élevés et à environ 6 à 10 km de distance ( voir carte de la Vienne) Beaumont est l’un de ces 12 postes. En 1844, le territoire français compte 534 tours dotées de ce système. Seul l’État, communique sur ce réseau. Aucune dépêche privée ne transite par ce système.
À BEAUMONT, c’était le poste n°45. Il était constitué d’une tour pyramidale implantée à 151m d’altitude. Son mécanisme mesurait 2,70m. Cette station communiquait avec celles de CLAIRVAUX et de MONTAMISE, situées à 10 800m. Elle fut utilisée entre 1825 et 1852. Le réseau des télégraphes Chappe cesse définitivement de fonctionner en 1855.
Les stations sont des petites structures surmontées de bras articulés (type sémaphore) qui permettent de transmettre à la station suivante des codes numériques, visibles grâce à une lunette télescopique. Pour gagner du temps, les codes représentent un n° de page et de ligne se reportant à un répertoire appelé « vocabulaire » de 92 pages et 92 lignes comportant un mot ou un groupe de mots. Seul le directeur du télégraphe de Poitiers détient le « vocabulaire » qui permet de coder et décoder les dépêches d’Etat.

Chaque station est opérée par un stationnaire ou télégraphier . Pour Beaumont les recherches ont permis de retrouver les noms des différentes équipes qui ont manipulé la station. (voir Les stationnaires du télégraphe de Chappe)
Par exemple, en 1826, les stationnaires de 3ème classe Corneau et Merlet touchaient un salaire de 1,25 Fr par jour soit pour un temps de service de 31 jours 38,750Fr.
Au milieu de 19ème siècle, l’arrivée du chemin de fer favorise l’installation d’un nouveau télégraphe, le télégraphe électrique. C’est la fin de celui de Chappe, dont il ne reste aucune trace dans notre commune si ce n’est le nom d’un petit bois: « le télégraphe » et les cartes qui nous permettent de situer le lieu précis de son implantation. Afin d’en conserver le souvenir, la municipalité y a installé un panneau explicatif.

Un historien des télécommunications, Monsieur Jean-François Liandier a étudié cette page d’histoire (voir l’article dans le Picton N°169)
Sources : ARHISTEL, AD Vienne série P7/128, AD Indre et Loire série 6P52